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Transformation

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Les ETI et grands groupes face aux défis de la transformation

Regards croisés

Devant les enjeux de demain, qu’ils soient technologiques, écologiques ou réglementaires, les ETI, tout comme les grands groupes, doivent adopter une démarche proactive pour se transformer. Regards croisés de Christophe Sauthon, directeur associé Nexia S&A en charge du conseil en transformation, et Dominique Gaudry, directeur comptable groupe Forvia.

Christophe Sauthon, directeur associé Nexia S&A et Dominique Gaudry, directeur comptable groupe Forvia

« Au-delà de l’entrée en vigueur des nouvelles réglementations, l’un des grands enjeux réside dans la gestion et la sécurité de la data, qui pose des défis multiples »

En quoi les nouvelles réglementations transformeront-elles le paysage des entreprises dès 2025 ?

Christophe : Aujourd’hui, qu’il s’agisse de PME, d’ETI ou de grands groupes, toutes les entreprises structurées sont impactées et doivent se transformer. Il y a d’abord l’importance croissante, pour les entreprises, de se conformer aux réglementations européennes, que ce soit sur le plan fiscal, avec la facturation électronique, sur celui de la durabilité ou encore au niveau de la responsabilité sociétale des entreprises, avec la CSRD. Au-delà de l’aspect réglementaire, on observe que l’impact des nouvelles technologies, notamment de l’intelligence artificielle générative, est en train de transformer les modèles d’affaires et les processus au sein des entreprises. Celles-ci doivent non seulement s’adapter pour les intégrer de manière efficace, mais aussi anticiper les défis qui en découlent.

Dominique : De plus, il y a ce que l’on appelle le Pilier 2, qui fait partie d’une réforme fiscale mondiale mise en place par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) et qui entre également en vigueur en 2024. Il instaure un taux d’imposition effectif minimum de 15 % sur les bénéfices des entreprises multinationales dont le chiffre d’affaires annuel dépasse 750 millions d’euros. Nous avons constitué une équipe projet en 2023 pour comprendre et mettre en oeuvre cette nouvelle réforme et travailler sur les outils complémentaires nécessaires.

Quel rôle joue particulièrement la technologie dans cet aspect de la transformation ?

Christophe : Les grands groupes ont pris le sujet des nouvelles technologies et de l’IA vraiment à bras-le-corps car ils ont compris que celles-ci vont avoir un impact direct sur leur organisation. Ils ont donc choisi de prendre les devants en investissant massivement dans ces domaines et en identifiant les cas d’usage les plus générateurs de valeur. En revanche, on observe que les plus petites entreprises et les ETI sont quand même encore assez loin de ces problématiques. Elles sont davantage dans une logique d’acculturation et de compréhension de ces technologies que sur la manière dont elles pourraient potentiellement transformer leur activité. Il est donc probable que dans les années à venir, l’écart se creuse encore entre grandes entreprises et petites structures si ces dernières ne prennent pas rapidement le virage de l’innovation technologique. C’est un enjeu d’efficacité opérationnelle, de productivité et donc de compétitivité.

Dominique : Chez Forvia, de nombreux travaux sont en cours, que ce soit sur la partie R&D ou sur les achats. Nous développons également des travaux sur la maintenance prédictive des machines pour nous permettre de réduire les temps d’arrêt et d’optimiser ces coûts. Dans cette même logique, nous collectons une multitude de données relatives aux machines et nous les exploitons. Ces nouvelles technologies sont utilisées par nos plateformes GBS (Global Business Services) au service des opérations pour assurer plus d’efficacité tout en améliorant la qualité des données.

Christophe : notamment dans la collecte, la gestion et l’utilisation même de ces données. Ces sujets sont en train de transformer profondément les entreprises. On peut également évoquer la gouvernance des données. En effet, une stratégie de données et une plateforme de données vont de pair avec une stratégie orientée data dans une entreprise via une gouvernance solide.

Dans un environnement technologique en perpétuelle mutation, la cybersécurité constitue-t-elle une problématique majeure pour les entreprises ?

Christophe : Il existe déjà la directive NIS2 (Network and Information Systems Directive) qui est une réglementation importante en matière de cybersécurité. Elle touche davantage les organisations opérant dans des secteurs sensibles ou critiques comme l’énergie ou la finance. Elle introduit également des exigences plus strictes et étendues en matière de cybersécurité qui vont avoir un impact significatif sur leur manière de gérer les risques d’attaque. Elle met l’accent sur la nécessité de former et de sensibiliser régulièrement, mais aussi sur l’obligation de réaliser des audits réguliers des systèmes d’information. Aujourd’hui, c’est l’affaire de toutes les organisations et ce, quelle que soit leur taille.

Dominique : La cybersécurité comprend plusieurs niveaux de protection. Les systèmes et les infrastructures constituent la première ligne de défense, qui inclut la sécurité des serveurs, des réseaux, des bases de données et de tous les équipements qui hébergent ou traitent des informations sensibles. Ensuite, compte tenu de nos activités électroniques, il est essentiel de protéger les transactions et les données sensibles des utilisateurs.

« Chez Forvia, les défis sont immenses et concernent également la protection de nos propres produits et des technologies. » Dominique Gaudry, Forvia

Et en matière d’environnement, quels sont les impacts du déploiement de la csrd sur les entreprises ?

Dominique : Aujourd’hui, la CSRD est effectivement un enjeu majeur pour les entreprises. En effet, dès février 2025, nous devrons publier des informations détaillées concernant notre impact environnemental, social et de gouvernance (ESG), afin de répondre aux exigences de cette directive européenne.

Christophe : Chez Nexia S&A, nous avons une équipe dédiée à ce type de sujet ; nous accompagnons en effet à la fois des clients sur la partie audit, en tant que commissaires aux comptes, et également sur la mise en oeuvre du reporting de durabilité. La CSRD, comme les nouvelles technologies, nécessite d’accompagner les entreprises sur ces sujets novateurs et impose une démarche d’upskilling, de montée en compétence des équipes. Il est donc crucial de prévoir une feuille de route pour que les collaborateurs puissent aussi comprendre et accepter l’évolution de leurs responsabilités au sein de l’organisation.

Qu’apporte le conseil en transformation aux entreprises dans un univers complexe ? Comment définiriez-vous cette expertise ?

« Nous accompagnons nos clients sur l’ensemble de leurs projets de transformation afin qu’ils restent compétitifs. » Christophe Sauthon, Nexia S&A

Christophe : Cette offre existe depuis deux ans et nous sommes en pleine phase d’accélération. En effet, en fonction des entreprises, on va avoir plus ou moins un grand nombre d’applications. On s’aperçoit que le nombre de solutions technologiques croît énormément, notamment avec l’émergence de technologies en mode SaaS (Software as a Service, solution logiciellle basée sur le cloud, ndlr). Face à l’émergence de nouveaux acteurs et à la surenchère de solutions, les entreprises se doivent d’être guidées pour aller vers la solution la plus performante, la moins coûteuse et la plus efficace. Tout changement implique un accompagnement.

Dominique : Oui, la technologie et les systèmes répondent à des besoins précis sans forcément pouvoir tout faire.
« On sort d’une époque où une solution était en capacité de mener toutes les tâches. »

Dominique : Aujourd’hui, il faut aller vers des technologies complémentaires sur l’ensemble des opérations, gagner en flexibilité et donc en productivité.

Comment mesurer le succès d’une transformation ?

Dominique : Les effectifs et leur efficacité sont les premiers critères importants, tout comme la qualité des travaux effectués pour mesurer l’impact des actions menées. Si ces données sont essentielles, mesurer la performance et la qualité n’est pas pour autant une tâche facile. Il faut, de ce fait, définir des indicateurs pertinents.

Christophe : Dans le cadre d’une transformation, il y a beaucoup de gains intangibles qui sont souvent difficiles à quantifier, mais qui jouent un rôle clé dans la croissance et l’évolution d’une entreprise. Il est donc très important de mener à bien ces mutations avec un appui fort du comité de direction et de la direction générale. Je dirais que le meilleur indicateur de la réussite d’une transformation, c’est de voir si elle a bien soutenu l’ambition et la vision du groupe, notamment à moyen terme.

« Nous accompagnons nos clients sur l’ensemble de leurs projets de transformation afin qu’ils restent compétitifs. »
Christophe Sauthon, Nexia S&A
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